AK - Un texte

« Je suis née au Cameroun et y ai grandi. Très tôt, j’ai eu la chance de savoir ce que je ferais de ma vie, ce qui serait le fil constructeur et philosophique de mon existence. La Musique. Dès mon adolescence, j’écoutais alors la playlist familiale que nous imposait mon père grâce à son tourne-disque qu’il chérissait et dont il était le seul à manipuler. Il avait d’ailleurs pris soin d’écrire en gros caractère sur un bout de papier qu’il posa sur le rebord de l’appareil « Malheur aux doigts qui frôleraient mon propre lecteur ».
Après s’être soigneusement lavé les mains, il prenait délicatement le diamant du tourne-disque qu’il déposait sur un vinyle de Marvin Gaye, ou d’Eboa Lotin, de Stan Getz, Nat King Cole, Émile Kangue ... Le bar d’en face qui comme pour le concurrencer diffusait à longueur de journée et à un volume défiant tout limiteur de décibels, une playlist composée de Bikutsi, de Makossa, du Zouk, du Ndombolo, des versions remixées par les enceintes grésillantes et nasillantes qui transformaient le son. Chaque après-midi, le gérant du bar passait alors en boucle « Syé Bwa », puis « Sé dam bonjou », « Raché Tché », « Kolé séré » et « Domeyis », tous de Kassav. C’est ainsi que j’ai découvert ce groupe magnifique et en suis tombé amoureux. À cette époque, je commençais à peine à jouer de la guitare, chantant déjà depuis mon très jeune âge. J’avais alors appris à jouer et à chanter quelques titres dans un créole douteux, mais qui passait au vu des réactions des filles que j’essayais de séduire, surtout en me faisant passer pour un Camerouno-antillais. Ces origines composées venaient faciliter les choses.
Très vite, nous avons appris par cœur, mon jeune groupe (aussi sous le charme de Kassav) et moi, tous les titres de kassav. Je vais ici l’avouer. Macase, le nom de mon premier groupe (prix Rfi, prix Ciciba, Kora Award) a été inspiré de Kassav. On trouvait que ça sonnait un peu pareil.
Kassav a contribué à façonner mes premiers pas en Musique.
L’Afrique chante Kassav est alors un hommage que j’aimerais rendre à ce groupe mythique qui a inspiré des générations d’artistes, de musiciens, de compositeurs, d’auteurs…. Tout en faisant danser de Paris à Bamako.
À travers une quinzaine de titres interprétés par un orchestre composé de musiciens et d’artistes Africains, avec l’intégration d’une partie d’instruments issus du continent africains tels que la Kora, les balafons, le N’goni, le Djembé, la flûte peule, le Tama (talking drum), le oud, nous allons à notre tour, célébrer ce groupe qui a participé à faire de certains d’entre nous, les artistes musiciens que nous sommes devenus. »
Initiateur de ce projet, j’assurerai aussi la direction artistique.